Le temps

Hier encore, j'avais 20 ans. Je dois avouer que j'ai longtemps eu du mal avec le fait de prendre de l'âge. Pendant les deux dernières années qui se sont écoulées, j'ai eu 21+1 ans et 21+2 ans. Je ne voulais pas accepter mon âge, accepter que je n'étais plus la jeune fille que j'étais (oui, 24 ans, ce n'est pas 60 ans non plus, je sais!). J'avais du mal à accepter que je n'étais pas où je souhaitais être. Le temps passe et on ne l'arrête pas, soit on s'adapte, soit on se perd.

Accepter qu'on ne peut pas arrêter le temps, c'est accepter qu'on ne peut pas se battre contre le vent. On aura beau se couvrir autant que possible, prendre de nombreuses précautions mais lorsque le vent souffle fort, soit on se cache, soit on se laisse porter, soit on apprend à marcher dans la tempête.

Se cacher n'empêche malheureusement pas le vent de souffler. Je me suis cachée du vent en attendant les meilleurs jours pour vivre, pour oser, pour lutter. Le vent ne s'est pas arrêté et j'ai vu le temps passer. Malgré la peur du bruit de l'horloge, je suis restée loin de tout. J'ai fermé mes yeux et mes oreilles et je me réjouissais de ne pas souffrir du vent. Mais est-ce donc vivre que de ne vivre qu'à moitié?

Se laisser porter ne mène nulle part parce qu'au final, il n'y a pas de route tracée par le vent. Tantôt il tourbillonne, tantôt il souffle vers le Sud, tantôt vers le Nord. Ainsi, se laisser aller au gré du vent, c'est lorsqu'on se dit qu'on verra avec le temps. On verra devant. Certes le vent nous pousse et les choses ne se passent pas toujours comme on voudrait dans le temps mais personne ne devrait laisser le hasard écrire son histoire.

Il faut marcher dans la tempête, encore et encore. Elle ne s'arrête vraiment jamais. Un peu comme le temps, parfois on a l'impression qu'il passe trop vite parce qu'on aimerait profiter de l'instant ou avoir plus de temps pour atteindre un objectif. Quelques fois, on a l'impression que le temps va trop lentement, que le vent ne nous porte pas assez vite parce que les choses n'avancent pas comme on voudrait, parce qu'on aimerait que cette mauvaise passe vite.

On se dit "j'ai le temps" mais on ne sait jamais. Personne ne sait la durée du temps qu'il va passer sur terre. On ne sait pas si on a le temps. Chaque minute, chaque seconde devrait être utile qu'elle soit consacrée au repos, au travail, au rire, etc. Au final, qu'on est 20, 30, 40 ou 80 ans, cela ne compte pas vraiment. Que faisons-nous de notre temps? Nous cachons-nous en attendant qu'il ne passe? Nous laissons-nous porter? Attendons-nous que la tempête passe pour agir en lisant des belles phrases toutes faites? Faire compter notre temps pour ne pas avoir à pleurer face au bilan de chaque anniversaire. Faire compter le temps plutôt que de compter le temps.