Comparaison n'est pas raison

Une assertion n'est vraie que prouvée dans un référentiel donné. Il faut connaître le cadre, l'échelle et bien d'autres paramètres pour faire une démonstration. On a notre référentiel personnel, celui des proches, celui de la société. Selon que l'on choisisse l'un ou l'autre, on donne une direction particulière à sa vie.

Vouloir que sa vie soit parallèle (pareille) à celle d'un(e) autre. Idéaliser l'élément comparateur dans notre référentiel. Ce référentiel dans lequel on se dénigre bien trop souvent. Dans notre référentiel, notre courbe de vie devrait être la plus belle. On devrait s'appliquer à lui donner le plus bel aspect. On en fera difficilement une droite flirtant pour toujours avec l'asymptote haute mais on peut gérer les fluctuations. Tandis qu'on compare nos fluctuations à celles du voisin, qu'on replace les points dans le référentiel de la société, on voit la courbe se déformer, devenir informe, perdre son sens.

Il est vrai que parfois l'on est influencé lorsque nos courbes en croisent d'autres.  Nous cheminons main dans la main tant et si bien que les points des courbes se rejoignent, que nous avons l'impression d'être "normaux" car parallèles (pareils) à d'autres référentiels. La comparaison  est-elle essentielle? Peut-on n'utiliser que son propre référentiel? Peut-on ne pas se comparer?

"Sur cette terre, on naît seuls, on vit seuls, on font toujours par mourrir tous seuls. Chacun s'asseoit, Dieu le pousse" chante Donny Elwood. Comme quoi, on est seuls responsables de ce que l'on est, ce que l'on veut être. Mais si la solitude est une amie qui vous permet de réfléchir, une courbe seule dans un plan donne moi d'informations que celle qui est comparée à d'autres données. Nous ne sommes pas seuls, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse... Doit-on forcément se comparer?

Comparer pour améliorer les performances. Comparer pour un meilleur rendement. Le monstre aux yeux verts n'est jamais loin. Il nous guette lorsque nous ne réussissons pas à trouver la bonne équation. Il se rajoute en paramètres, exige sans cesse plus, se nourrit de nos comparaisons et de tous ces points négatifs qu'on arrive pas à ramener sur le plan positif. Il bouffe les espoirs. Si comparaison aide à raisonner, elle ramène aux faibles courbes, sa copine "jalousie" qui de ses yeux vers vous fixe et rigole face à votre courbe difforme sur votre propre référentiel.

Lorsqu'il y a interférences, il faut éteindre l'oscilloscope et chercher la source du problème. Bien souvent, c'est notre façon de réfléchir, notre logique pas très logique. Si comparaison n'est pas raison, pourquoi je ressens tant le besoin d'être meilleur(e) que x ou y? Pourquoi je ne peux m'empêcher de me déprécier face aux autres courbes? Face aux autres parcours? Pourquoi le monde s'énerve quand je débranche son signal de mon oscilloscope? Comment la solitude de ma courbe peut-elle être à la fois si salvatrice et destructrice?

La poésie de la mathématique, de l'algèbre et de l'analyse des chiffres, c'est qu'il y a plusieurs logiques possibles mais une seule solution à l'équation. Les heures passées à chercher la bonne logique, à raturer, recommencer, insulter la calculatrice, ne font que nourrir la joie de trouver la bonne réponse. Quelque soit le référentiel choisi, quelles que soient les courbes choisies en comparaison, la bonne logique c'est peut-être de ne pas en avoir.... Je surfe sur la courbe de ma vie. Quand elle est est haute, je savoure l'adrénaline et quand elle est basse, je m'accroche pour la remontée... Elle remonte toujours. Elle doit remonter.

Comparaison n'est pas raison. Comparaison n'est pas raison. Tu ne peux pas te prouver que tu es nulle en te comparant. Il va falloir trouver mieux.