22 mars 2018

Femme au foyer





Depuis un moment, l’idée me caresse et même un peu plus, je dois l’avouer, de devenir femme au foyer. Passer mes journées à m’occuper de ma famille, garder une petite activité intellectuelle ci et là mais être à temps plein aux services de ceux que j’aime.



Au début, c’était plutôt volontaire. Ma fille venait de naître et c’était un plaisir de rallonger toujours plus le temps à passer avec elle à la maison. En mère attach(i)ante, je la voulais pour moi seule. La perspective de voir le chéri rentrer me raconter sa journée, jouer avec la petite, de manger tous ensemble, me ravissait assez. J’avais mes activités liées à Inspire Afrika Magazine qui me sortait de temps en temps de mon quotidien ménager.



Et puis, on est rentrés au Cameroun. La petite grandissant, il était semble-t-il temps pour moi de me rappeler qu’un ingénieur ne passe pas ses journées à laver des assiettes. Je n’aime pas laver les assiettes mais ça, c’est une autre histoire. La recherche n’est pas aussi rapide qu’on l’aurait souhaité et la situation de femme au foyer est devenue quelque peu obligée. Chez mes parents, pendant les premiers mois, j’ai lavé plus d’habits (de la petite) que je n’en avais jamais lavé dans toute ma vie. Voyez vous, ce n’était pas grave parce que c’était chez mes parents. C’est du moins ce que semble penser tout le monde.



Depuis le mariage traditionnel (oui, je me suis mariée à la coutume, il faudra que je vous en parle un jour), depuis que nous sommes de nouveau installés ensemble, le monde entier s’inquiète de ma condition. Horreur! Stupeur! Frayeur! Je suis femme au foyer!! Mon père rencontre toute personne susceptible de me tirer de cette situation qui l’agace. Surtout le fait que « je passe mes journées à laver les assiettes », je ne vais pas lui rappeler que je l’avais les habits chez lui. Ma belle famille - ce sont des amours soit dit en passant - s’est donné pour mission de « me sortir de l’ennui. » Avec toutes les meilleures intentions du monde, le monde se bouge pour que « je reprenne ma vie en main. »



Déjà, je n’avais pas l’impression de l’avoir perdue. Je sais, parfois (souvent), je fond en larmes parce que j’aimerais gagner mes propres sous. Pour ce qui est du côté intellectuel, je ne doute pas de mes capacités bien que des demandes d’emploi non aboutis et des entretiens musclés veuillent me prouver le contraire. Je suis quelqu’un d’intelligent. Si ce n’est dans ce que j’ai appris des années durant à l’école, ce sera dans autre chose que je réussirai. Pour l’instant, le poids, c’est de ne pas contribuer aux finances du foyer. Sinon, je ne m’ennuie pas! Je ne passe pas mes journées à me tourner les pouces. Non, le fait que la petite aille à la garderie ne me laisse pas désœuvrée.



J’apprête ma fille après avoir fait un peu la grasse matinée. Je lui prépare de supers repas pour le midi. Je l’accompagne. Je rentre prendre un petit déjeuner solide avant de ranger toute la maison. Il y en a des choses à faire. Demandez à vos femmes de ménage. Je mange, me repose et bosse sur Inspire Afrika Magazine ou juste lis un livre. Je profite de ma petite famille réunie autour du repas que j’ai préparé le soir. Alors, avant de m’imposer des rendez-vous dans la minute, des visites, dites vous que je suis peut-être occupée. Proposez, n’imposez pas. Votre gentillesse vous honore alors rendez la encore meilleure. C’est super pour une femme au foyer de se changer les idées mais donnez lui le choix comme à n’importe quelle personne qui travaille.



Certaines le font par choix. D’autres, par contrainte, pas de travail, mari exigeant, enfants demandant beaucoup de soins, etc. Pour moi, c’est un épisode passager de ma vie. Du moins, je le vois comme ça mais ce que j’en retiens, c’est qu’il faut traiter sans cesse les femmes au foyer comme n’importe quel travailleur. Des horaires parfois horribles, des journées pleines. Le plus beau salaire étant les bons moments de famille. Malheureusement, ceux-ci ne paient pas les factures. Faire un travail énorme sans rémunération et être en plus considérée comme désœuvrée, vous imaginez?



Put some respect on their work!

1 commentaire :

  1. Hello Marie-Simone,

    Je suis ravie de te lire dans cette période de ta vie, avec cette honnêteté et transparence qui te caractérise tant.

    J'ai réalisé que les femmes au foyer méritaient tout le respect du monde lorsque je suis allée donner des cours à une jeune fille et que sa mère était celle qui organisait la vie de chacun au millimètre près.
    Les enfants étaient d'une correction incroyable, la maison impeccable, leurs finances bien tenues et elle avait pleinement trouvé son rôle, sa place.

    Qui sommes-nous pour dire à des femmes que nous ne connaissons pas, dont nous ignorons le background, que tel choix serait mieux pour elle ?

    Que chacune fasse et vive de telle sorte à être heureuse.

    Je t'embrasse,
    Ryel

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