3 mars 2015

Digital Detox





Digital Detox, c'est un mouvement qui prône la déconnexion du monde digital pour mieux se reconnecter. C'est aussi le titre d'un documentaire de Pierre-olivier LABBE diffusé sur canal + il y a une semaine. Ce dernier a décidé de se couper de la "technologie" pendant un mois. Pas de mail, de réseaux sociaux, de mms, de jeux en ligne. Le documentaire est drôle, bien réalisé et surtout, il nous en apprend beaucoup sur nos habitudes addictives.

Samsung vient d'annoncer la sortie du Galaxy S6, un nouveau smartphone sensé apporter une révolution. Apple présentera ses nouveautés au courant du mois. De nombreuses personnes vont (encore) faire la queue des heures devant les magasins pour les avoir. Par besoin, paraître ou juste par suivisme mercantile, toujours est-il que nous sommes nombreux accro à cette technologie sans cesse changeante, évolutive. Seriez-vous capable de vous défaire du virtuel?


Il y a près d'un an, je quittais les réseaux sociaux. Je pensais faire une retraite d'un mois, le temps de remettre mes idées, ma vie sur le rails. Je n'ai cessé de repousser la date du retour pour une raison ou une autre. Pour des raisons de communication sur le blog, je suis revenue tout doucement sur Facebook. Je n'ai jamais vraiment quitté Instagram. L'accro de Twitter que j'étais, a cependant eu du mal à retrouver sa place. La principale leçon  du seul mois que j'ai passé réellement à l'écart de la technologie (même Instagram), c'est que j'ai cessé de vivre socialement aussi bien virtuellement que dans le réel. Au XXIe siècle, malgré les sms illimités, les gens ne communiquent que par WhatsApp, viber et j'en passe. Tu rates des événements parce que tu n'as pas vu les messages du groupe WhatsApp ou l'invitation sur Facebook. Ne pas être sur internet, c'est quelque part réapprendre la solitude.

Pierre-olivier LABBE commence sa cure par une mise au vert loin de la technologie et les premiers jours, ça lui fait du bien de s'entendre penser, d'avoir du temps pour lire ou tout simplement réfléchir. Ça se corse lorsqu'il revient à la "civilisation". On ne communique plus que par mail, on en assaille les collaborateurs (provoquant parfois des burnouts). Il se sent seul parce que ses amis communiquent sur les réseaux où il n'est pas. Il doit lire les journaux et est donc le dernier à être au courant de l'information.

Si j'ai eu du mal à revenir sur Twitter, c'est parce que cette timeline discutant de trop de choses trop vite me fatiguait. Les histoires de cœur se succédaient à la finance, à la politique, au clash sans transition. Je n'avais plus envie de débattre. Les idées s'entrechoquent avec une violence qui oublie que ce sont des combats d'idées et non de personnes. Ce qui m'a fait revenir? L'information!! J'ai failli rater le retour de House of Cards. J'étais la dernière à avoir les nouvelles du Cameroun et n'eut été l'application "le monde", je serais autant larguée sur l'actualité française et internationale. Sur Twitter, comme sur tout internet, tout va vite parce que c'est le vrai lieu où il n'y a pas de restrictions. Dans le monde virtuel, le chétif peut imposer son idée au baraqué sans craindre les représailles physiques. Celui qui ne sait pas peut demander et avoir la réponse instantanément là où dans la "vraie vie", les gens répondent à peine à un bonjour.

Le journaliste s'est rendu au pays de la technologie, au pays de Samsung, en Corée du Sud. Il n'a pas pu utiliser son téléphone car non compatible 3G. Il a vu des sud-coréens littéralement attachés à leurs téléphones. Le wifi dans le métro. Des écoles où l'on enseigne avec des tablettes et des tableaux numériques. Une maison intelligente qui ressemble à celle des dessins animés des années 90. En pensant au fait que mon pays se met à peine à la 3G, j'ai eu de sérieux doutes sur notre possible rattrapage des pays développés. Je me suis inquiétée du fait que de nombreux enfants ne naissent pas avec la chance d'avoir accès à un ordinateur. Et puis, en fait, non. J'ai pris plaisir au cours d'écriture en primaire. J'ai aimé apprendre à former de jolies lettres. J'ai aimé faire des dictées sans attendre du correcteur automatique de corriger mes fautes. Et puis, bien que la fonction vestimentaire de la maison intelligente me plaise énormément, elle me fait peur. Que se passe-t-il en cas de panne d'électricité? De bug informatique? Comment on protège ses données?

A la fin de l'expérience, Pierre-olivier LABBE est bien content de retrouver son téléphone, des messages, ses amis et il se promet de redevenir le maître de son téléphone et non, son esclave. Son premier acte, c'est d'effacer les mails mais aussi de publier un long statut sur Facebook pour signaler son retour. La fin de la disgrâce. Le renouveau de sa vie sociale.



Il y a quelques jours, je suis revenue sur Twitter. J'ai été joyeuse de voir que j'avais manqué à certains. Mon éloignement a changé ma manière de Twitter ou tout simplement d'envisager les réseaux sociaux. J'y vais plus pour chercher une info ou la partager que pour raconter ma vie (ou lire celle des autres). Avec plus de 41k tweets en 5 ans (dont un an sans Twitter), je fais partie de ces gens qui ont fait de belles rencontres, qui ont raconté leurs problèmes à des inconnus, qui ont dansé avec des @ lors de tweetups. En quittant les réseaux sociaux, je voulais redevenir Marie Simone et plus seulement @mamzelmaysi. Rencontrer des gens qui pensent n'avoir plus grand chose à savoir de vous parce qu'ils vous lisent constamment ou même qui vous lancent le "ah oui, je te connais" sans que vous n'ayez eu à vous présenter, c'est assez déroutant. Je trouve stressant le fait de commencer la rencontre avec l'à-priori de ce qu'on a déjà lu.

Pour le coup, c'est un peu raté. Je n'ai jamais été plus isolée qu'après avoir quitté les réseaux sociaux. Je n'ai jamais eu autant de mal à gérer mon image et ce qui s'en dit que maintenant que je ne fais plus partie du réseau. Je ne sais pas à quoi réfère un "Marie Simone, je te connais même si tu ne me connais pas" lancé en soirée par cette personne avec qui vous pensiez sympathiser. J'ai raté des informations. J'ai manqué l'occasion de m’insérer dans des projets qui m'auraient intéressée. Pourtant, j'ai vécu. J'ai rencontré des gens dans la vraie vie. J'ai ri de blagues qui n'étaient même pas illustrées de montages idiots. J'ai renoué avec la lecture, ce plaisir que j'avais tant délaissé. J'ai appris à être plus posée, à m'écouter avant de me plaindre et demander conseil sur ma TL. J'ai lu des textes de plus de 140 caractères qui m'ont donné envie de faire des choix différents.

L'informatique est sûrement l'une des plus belles avancées technologiques de ce monde. Elle se ramifie dans tous les secteurs et évolue sans cesse. Tout s'informatise, se dématérialise. Le bruit des notifications illumine ou ternit nos journées selon la nouvelle. Nous sommes esclaves de ces petits objets qui sont sensés nous servir. Et même si je doute que les objets informatiques se rebellent un jour, je pense que le pouvoir qu'on leur donne est énorme pour ce que c'est. Utiliser la technologie pour communiquer, apprendre, s'informer, rigoler, etc... Mais ne pas oublier que le son d'un vrai rire est préférable à un "lol"... Que le bruit d'un stylo qui gratte sur le papier est beaucoup plus agréable que celui des doigts qui tapent sur un clavier... Que les prénoms, c'est toujours mieux que les pseudos... Que les photos, ça permet de se souvenir des bons moments mais avant, il faut les vivre.


6 commentaires :

  1. En fait, ça me fait penser à Paul quand il dit que tout m'est permis mais tout ne m'est pas utile.
    Il est toujours bon de savoir qui dirige, qui émet la volonté, qui donne l'orientation....

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  2. J'aime beaucoup ton article. J'ai moi-même quitté un réseau social et c'est vrai qu'on prend plus de plaisir à faire les choses de la vie extérieure. Ta conclusion et celle de Pierre-Olivier LABBE montre que malgré non la technologie nous rattrape toujours et donc comment devenir maitre de celui qui détient l'information ?

    Je disais avoir quitté un réseau et moi même je conclus que je vais être obligé de m'y remettre non pas parce que ça me manque mais parce qu'il y a des informations importantes que je rate. On finit donc toujours par être esclave. Chapeau à ce monsieur qui a tenu 90 jours. PLusieurs fois j'ai pensé à faire ma cure anti-réseaux pendant les 40 jours de carême mais ça m'ait déjà impossible.

    Tu montres également, le fait qu'il est bien de se déconnecter de temps en temps pour apprécier les vraies choses mais surtout voir les réseaux et nos réactions dessus autrement.

    Pour grandir exclusivement à travers la technologie comme les écoles en Corée du Sud, c'est devenir de véritable esclave aux créations technologiques. Nous on connait les alternative, lecture papier, écriture etc... Mais eux, que feront-ils quand ils voudront se déconnecter ?

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  3. @anonyme (stella?) c'est le plus dur. Mettre la limite entre maître et outil.

    @NFNM premier point pour réussir une détox. Lâcher le smartphone sinon c'est mort.
    Je te rejoins en ce qui concerne les enfants coréens et quand je pense que c'est peut-être le futur de nos enfants, je me dis qu'il faudra qu'on leur apprenne nous même à vivre hors du digital.

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  4. Eh bah moi je crois que c'est tout le contraire
    J'ai jamais fait le pas des smartphones en gros j'ai jamais utilisé Whatsapp , Viber, Instagram etc etc. Les réseaux sociaux pour moi ce limite à Twitter et très restreint même ( car exclusivement sur mon PC ) et je suis resté très attaché au bon vieux sms.
    Mais ( forcement y'a un mais ) étant quelqu'un de pas très sociable ( côtoyer d'autres mammifères ne fait/faisait? pas vraiment partir de mes projets ) , et dans quelques années j'aurais 1/4 de siècle et le nombre de lien véritable que j'ai se compte sur une main de ce fait j'avoue me sentir bien souvent trop seul ce qui me fait me dire que je passe à côté de quelques choses , quand je vois le nombre de relation issue des réseaux , j'ai l’impression que tout le monde connait tout le monde ( tu sais le fameux village planétaire dont on parle souvent ) ce qui n'est pas plus mal je trouve .
    Donc en gros je me dis le digital c'est le futur, il faut s'adapter au temps, la technologie évolue tellement rapidement que ne pas en profiter entraîne le déphasage que je vis actuellement , mais comme tu as dit tant que le maître reste le maître tout va bien .
    Si non j'adore ta façon d'écrire je manque de temps ( de courage surtout ) pour continuer mais tu me rends jaloux

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  5. @Junior comment tu fais pour tes mails? pour le boulot? pour le gps??
    Si tu sais qu'il faut t'adapter au temps, la question que je me pose, c'est pourquoi tu ne le fais pas?

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